23 juil. 2013

Léthargie

C’est toujours l’été, écrasant, dominant de sa lenteur agressive les actes et les corps qui y sont reliés. C’est toujours la ville, son corps gris et multiple, sa carcasse qui rouille et qui grince, grande léthargique avec un ballet automatique épileptique où les terrains vagues sont rares et détestés, où le moindre espace est rempli par pur confort et peur du vide.    C’est le cadeau empoisonné de la fausse agitation, les jours qui roulent la machine entêtée de l’habitude l’inconscience de soi, la rigidité du possible.
// Plan rapproché //
Dans tout cela il y a ces quelques personnes assises et allongées près du saule pleureur sur les quais, ils regardent l’eau verte sans voir le mouvement produit par le courant et parfois une phrase s’élève sans qu’elle soit nécessaire, juste là pour trancher de temps en temps le silence qui se dissout dans le bruit des voitures et du vent. Il faut surtout parler des corps, grands, presque absurdes, des omoplates saillantes et des mâchoires serrées, des mains à plat sur les cuisses nues ou posées sur le sol avec la trace des gravillons imprimés dans la paume tendre.
Il faut parler de toutes ces paires d’yeux déjà trop mélancoliques, de l’électricité et de la colère face au danger que représente la fin de l’été pour eux. Il faudra sortir de l’apesanteur, de la léthargie, de la paresse. Ils devront se mettre à marcher, à regarder les pendules et la contemplation ne sera plus possible. C’est comme s’ils avaient la mer devant eux, et il n’y a rien de plus insupportable que de savoir que ce regard là sera le dernier vers elle avant longtemps. Pourquoi devraient-ils s’arrêter de regarder le fleuve tant que celui-ci continue de couler, pourquoi est-il nécessaire de se relever et de quitter la rive tant que leurs corps sont réchauffés par le soleil ? Ils sont quatre ou cinq, on ne sait pas distinctement leur âge, où est-ce qu’ils habitent ou ce qu’ils font de leur journée. Ils sont ensembles. Des fois ils écoutent de la musique grâce à une radio que l’une des filles amène. C’est souvent les mêmes chansons mais ce n’est pas grave. Ca coule comme le fleuve et comme leurs yeux sur les choses, ça glisse sur la surface sans jamais se poser, c’est éternel les mélodies comme les étés, la jeunesse comme le fleuve. Pourtant c’est bientôt fini, ils sentent l’irrémédiable qui vient détacher leurs corps soudés dans la paresse et l’insouciance, dans l’urgence alanguie lovée dans leurs plexus et qui se déroule gracieusement dans chacun de leurs gestes jusqu’à ce que le crépuscule les livre à la frénésie assourdissante d’une fête quelconque et qu’ils abandonnent jusqu’au lendemain leur refuge amarré.

15 juil. 2013

14 juil. 2013

We found solice in melodies (Half-Cocked Boy), The Libertines

la moiteur
la chambre la pénombre
l'indifférence des fanfares
patriotiques
l'horreur de leurs tambours froids
et des cadences mortuaires
j'écoute les mêmes chansons
et chaque fois je les redécouvre
au cas où j'aurai un doute
un affaissement de la ferveur
l'été cloisonné le lit défait
café cigarettes petit soupir d'argile

12 juil. 2013

Blue birds

Blue birds
They have their very own
Burdens
They sometimes
Forget to smile
But still there is a
Special light in colors
Or on the walls
And the wheel thing starts again
Blue birds they have their very own
Inks
Sometimes they dry
And they suffocate
Sometimes they flow
In their blood stomach and throat
And then their pupils dilate themselves
And their hands shake
A little bit faster—awkwardly
Blue birds they have their very own
Fantasies
One is from Andalusia
The other one is English
They whistle
Sometimes it’s bitter
Sometimes it’s sweet
Blue birds they have their very own
Friendship
Sometimes they’re goofy
Sometimes they’re pretty melancholic
Blue birds
They have their very own adventure
A few know the bound
A few take it seriously
But the blue birds they don’t care
They step forward and backward
Like hesitant Polaroids
Melting under some
Spectacular lemon trees
Waiting for the wind
To take their souls
Away.

8 juil. 2013

/

Cimetières virtuels
Pompéi d’images et de mots
Cendres hâtives
Oublis précipités
Hontes adéquates
Et dénis simultanés
Tout cela ressurgira
Dans un temps incertain
Des archives-sourires moqueurs
Exhumer la jeunesse assise
Et son impatience
Son inconstance
Sa lâcheté
Et sa fragile beauté dramatique